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Photo du rédacteurStéphanie CHARIGNON

La dépendance affective

Dernière mise à jour : 24 nov. 2023

Beaucoup en parlent combien de ceux-là, l’ont vécu ?

Je ne saurais le dire, parfois, les livres ne suffisent pas pour comprendre ce sentiment d’angoisse qui nous étreint quand on ne vit et respire que pour l’autre. Quand toute notre vie ne dépendant que du bon vouloir d’un autre et que tout tourne autour de lui (elle) au point de s’oublier.


Comment elle arrive ?

Un manque d’attention dans l’enfance, un rejet, un besoin de rassurance permanent suite à un trauma, besoin de sécurité, un manque de confiance en soi…

Le manque d’attention dans l’enfance peut être vécu ou perçu comme tel. Parfois même quand on a tout, on peut avoir la sensation qu’il nous manque quelque chose, de ne pas être complet, car le matériel ne remplace pas l’affectif.

Chaque personne est différente et chaque personne vivra cet état de différentes façons, car personne n’a exactement le même vécu.


Peut-on s’en sortir ?

Bien sûr, je conseille toutefois de le faire avec une aide extérieure. Un thérapeute, un conseiller, un coache, parfois un(e) ami(e) qui l’a vécu et qui saura vous entendre etc… C’est un gros travail sur soi, de prendre conscience du pourquoi on vit cette dépendance affective et surtout comment faire pour s’en libérer ?

Cela ne viendra pas en un claquement de doigts. Il y a plusieurs étapes à mon sens pour y arriver, cela passe par de petites actions à mettre en place régulièrement pour reprendre la souveraineté de soi et d’intégrer que notre bonheur ne dépend pas des autres, mais de soi même.


Mon expérience

Je n’aime pas m’épancher sur le sujet, car bien que j’en sois sortie, cela me laisse encore un souvenir de cette épreuve difficile pour moi.

Pendant longtemps, j’ai recherché tout autour de moi, le besoin d’être aimée, d’être regardée, d’avoir de l’attention. Cela m’a fait faire des erreurs de parcours, j’ai blessé des gens à cause de ça, je me suis blessée à cause de ça.

J’ai accepté beaucoup de choses de la part de l’autre afin de ne pas être seule, car je ne supportais pas d’être seule. Cela était invivable pour moi, j’avais l’impression d’étouffer d’être seule avec moi même.


J’ai pris conscience que j’étais en dépendance affective, il y a déjà plusieurs années, mais je ne voulais pas encore sortir. C’était confortable pour moi cette situation, et quand l’autre ne m’apportait plus ce besoin, je faisais tout pour provoquer la rupture.

Et puis, il y a 4 ans, j’ai retrouvé quelqu’un ou plutôt j’ai rencontré de nouveau une personne de mon passé. C’était différent, j’étais différente, je voulais changer, je voulais un monde pour moi qui soit plus équilibré, plus harmonieux, je voulais me retrouver.

Mais très vite, je suis retombée dans la spirale de la dépendance affective, ses absences de messages, de visites étaient horribles et des tas de scénarios passaient par ma tête.

J’avais parfois l’impression de devenir folle, je me mettais dans des états pas possible, faisant des crises de nerfs, pleurant comme une madeleine en imaginant qu’il ne voulait plus de moi, qu’il ne m’aimait plus et parfois pire encore. Mon état émotionnel était déjà bien difficile, mais cela commençait à avoir des répercussions sur mon état physique. J’étais comme une droguée qui est en manque.

Et puis j’ai été entendue par une personne proche de moi, une personne en qui j’ai toute confiance pour son jugement et ses conseils. Les premiers temps, elle s’est cassée les dents sur le sujet car je ne voulais rien entendre. Je me cherchais des excuses encore et encore, c’était tellement plus simple pour moi de faire porter mon état sur le dos de l’autre. Je ne me remettais pas en question, pourtant j’étouffais un peu plus chaque jour, et plus cela allait et plus les tensions sont apparues avec la personne que je côtoyais. Petit à petit, les mots de mon amie ont commencé à faire leur bout de chemin dans ma tête, ils ont commencé à me faire réfléchir. Je me suis alors posée les questions sur ce que je voulais, ce dont j’avais besoin. Comment je voyais ma vie, comment je me voyais moi. Et après une très grosse crise de manque de confiance en moi, j’ai dis stop. Je peux vous assurer que c’était plus facile à dire qu’à faire, mais je voulais que ça change, je voulais que cette relation dure et surtout qu’elle soit fondée sur des bases saines et j’avais conscience que cela ne pouvait pas être le cas en gardant cette dépendance.


J’y suis allée par étape, et j’ai mis en place des stratagèmes pour les moments difficiles. J’ai commencé la méditation pour lâcher prise et retrouver la sérénité en moi

J’ai commencé à m’aimer, et à me poser les bonnes questions sur moi.

J’ai beaucoup discuté sur le sujet, et je savais aussi que lorsque je flanchais, j’avais quelqu’un pour me remotiver, me rebooster et non pour me complaire dans mon état d’angoisse.

Et puis un jour, j’ai pris conscience que je n’avais pas besoin de cet homme, mais que j’avais envie d’être avec cet homme. Et ça a été un déclic, j’ai appris à accepter ses silences dont il avait besoin pour se ressourcer, j’ai appris à entendre ses sentiments même si ce n’était pas avec des mots. J’ai appris à me faire confiance dans mes sentiments pour lui. Et le plus important j’ai appris à vivre l’instant présent auprès de lui. Il ne le sait pas, mais je dois avouer que grâce à lui, j’ai appris beaucoup de chose sur moi, sur mes relations avec les autres, et surtout sur ce que je voulais vraiment pour moi. Il m’a appris à être égoïste, à penser à moi avant de penser à lui dans mes désirs et mes besoins.


Ok j’avais dépassé la dépendance, même si parfois, il arrivait que je dérape un peu, mais j’avais les outils en moi pour dépasser cela.

Désormais, je devais travailler sur le pourquoi j’avais autant besoin d’être aimée, reconnue, acceptée, protégée. J’avais conscience que sans ce travail, il y avait de forts risques que je retombe un jour dans cette spirale. Et j’avoue que sans l’aide de ma thérapeute, je n’y serais pas arrivée. Ce fut un travail extrêmement difficile pour moi, car pour la première fois, je prenais conscience de beaucoup de chose concernant mon enfance.


Toute ma vie, j’ai cru que je n’étais pas un enfant désiré, que mes parents voulaient un garçon, qu’ils se fichaient de ce que je vivais ou ressentais.

Pour cela, très rapidement j’ai mis en place des montagnes de protection. Je me suis effacée au profit des autres. Je me suis créée un masque de l’enfant parfait, du sauveur, je me suis sacrifiée ou mise en danger pour les autres. Je ne voulais pas créer de gêne pour mes parents, j’ai cru que seul mon frère importait pour eux, qu’ils ne s’inquiéteraient pas de ce que je vivais. J’ai alors appris à garder les choses en moi, à me dissocier de mes sentiments, de mes souvenirs pour ne rien ressentir. Je me suis construite sur cette base d’un enfant dont on ne voulait pas, et même si ce n’était pas volontaire, au fil des années mes parents de par leurs actions et leurs gestes ont conforté ce statut. En surface j’étais une enfant forte, autonome, indépendante, mais à l’intérieur, j’étais une enfant terrorisée, seule et désemparée par ce que je vivais.

J’avoue que lorsque j’ai entendu le mot dissociation, j’ai flippé. Je suis hypersensible, je vis déjà avec les émotions à fleur de peau alors quand ma thérapeute m’a diagnostiqué la dissociation des émotions, je me suis posée plein de questions. Est-ce que cela voulait dire que j’étais dingue ? Que celle que j’étais n’était pas moi ? Et au fur et à mesure du travail avec elle, les souvenirs et les sentiments associés ne sont emboités comme des pièces de puzzle, je pouvais enfin ressentir les émotions avec toute leur intensité avec les souvenirs. J’ai aussi appris à laisser venir mes émotions à ne plus les étouffer. Mais bon cela est une autre histoire, que j’aborderai dans la gestion des émotions.

Quand les garçons ont commencé à s’intéresser à moi, j’ai trouvé un palliatif à ce besoin d’attention et d’être aimé. Peu importe la façon dont j’étais traitée, on me donnait un peu d’attention et c’est tout ce dont j’avais besoin et quand ce n’étais plus suffisant, j’allais en chercher ailleurs. Il m’en fallait toujours plus, en dose plus grande. J’avais besoin de combler un gouffre en moi, peu importe la manière. Le besoin d’amour, d’attention était une drogue dont je ne voulais pas me défaire une fois que j’y avais goûté. J’avais besoin d’être l’être unique aux yeux de quelqu’un. Mais comme toute dépendance, les crises sont parfois fortes et il ne faut pas grand-chose pour que ça bascule.


Mon travail avec ma thérapeute a été de rassurer la petite fille en moi, de lui faire savoir qu’elle est aimé. Et pour le faire, j’ai donc après plus de 30 ans abordé le sujet avec mes parents, je devais rompre ce non-dit. Et j’ai appris et compris, que ce rejet de mes parents je l’avais perçu mais pas vécu. Mes parents m’avaient désiré plus que tout, mais ne voulant pas reproduire ce qu’ils avaient vécu enfants et parce que très tôt j’ai montré que j’étais plus éveillé que les autres. Mes parents m’ont laissée évoluer à mon rythme et la confiance qu’ils avaient en moi, et mes capacités ont fait qu’ils n’ont jamais été sur mon dos comme c’était le cas avec mon frère. Ce que j’ai cru être un désintéressement de leur part était en fait une foi et une confiance en moi et en ma réussite énorme. Ils n’ont jamais perçu mon mal être, mes difficultés, ils n’ont jamais eu conscience des épreuves difficiles que je traversais. Cela a été difficile pour eux d’apprendre ce que j’avais vécu en silence sans rien leur dire, de crainte d’être encore plus rejetée et aussi parce que je ne voulais pas les embêter avec mes problèmes. Donc bien que le rejet de mes parents n’ait pas été réel, moi je l’ai vécu comme tel et cela m’a suivi toute ma vie. J’ai donc cherché l’attention ailleurs et quand je l’avais, j’en voulais toujours plus afin de pouvoir respirer, de combler un manque.


Désormais, j’ai fait la paix avec moi. J’ai pris conscience que je vis pour moi et non pour les autres, que si je m’aime, le reste suivra.

Quand par moment, le doute et le manque revient, je me regarde dans le miroir, je prends une grande inspiration et je me dis « tout va bien, je m’aime et je m’accepte. Son silence signifie son besoin de se ressourcer et je m’autorise à faire de même, à me concentrer et à prendre soin de moi. » Chaque jour est un pas vers la guérison, un pas vers l’acception de soi, la confiance en soi et l’estime de soi. Car désormais, je n’ai plus besoin de quelqu’un pour m’aimer, je n’ai plus besoin de quelqu’un pour vivre, j’ai appris à vivre avec moi même et à m’aimer.

1 Comment


Dorothée VANPARYS
Dorothée VANPARYS
Feb 21, 2023

Merci pour ces posts 😁

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